Assetou Doumbia : l’histoire bouleversante d’une Malienne en quête de liberté
La société traditionnelle malienne, avec ses pesanteurs sociales, continue de broyer des vies, notamment celles des femmes. L’histoire d’Assetou Doumbia en est un témoignage poignant, où se mêlent injustice, maltraitance et exploitation.
Un destin brisé dès l’enfance
Orpheline à seulement trois ans, Assetou Doumbia a perdu ses parents dans un tragique accident de voiture. Recueillie par son oncle paternel à Sokonigo, en commune VI du district de Bamako, son existence a rapidement pris un tournant douloureux. Privée d’éducation, son oncle l’a laissée à l’écart, favorisant ses propres enfants. À l’âge de 16 ans, elle a été mariée de force à un homme à Niamakoro, un mariage motivé par les intérêts financiers de son oncle, soutenu par le père de son futur mari.
Dans ce premier mariage, Assetou a donné naissance à deux enfants, mais elle y a également connu les affres des violences conjugales. Son mari la maltraitait régulièrement, lui infligeant des blessures dont elle porte encore les cicatrices.
Un enchaînement de souffrances
À la mort de son premier mari, l’oncle d’Assetou, se considérant comme le maître de son destin, l’a une fois de plus contrainte à un mariage forcé. Cette fois, elle fut donnée à un autre homme, à Djelibougou. De cette union, elle a eu trois enfants, dont des jumeaux. Mais ce nouveau foyer n’était guère différent du précédent : Assetou a de nouveau été victime de violences et de maltraitance, le tout sous le regard complice de son oncle, qui voyait en elle un moyen d’assouvir ses propres intérêts.
Pour lui, Assetou n’était rien d’autre qu’une source de profit, un « fond de commerce » qu’il mariait et exploitait à sa guise, sans considération pour son bien-être.
La fuite vers l’exil
Acculée par le désespoir et les abus répétés, Assetou a fini par fuir. En 2022, elle a quitté le Mali pour la Mauritanie, espérant échapper à son oncle et trouver un semblant de paix. Malheureusement, son calvaire n’a pas pris fin. Sur place, elle a croisé la route d’une proxénète qui l’a exploitée en la contraignant à des relations sexuelles tarifées. Pour survivre, Assetou n’avait d’autre choix que d’obéir.
Aujourd’hui, loin de ses cinq enfants restés au Mali, Assetou continue de se battre pour reconstruire sa vie, malgré le poids d’un passé accablant.
Modibo Fofana
Source: mali24