Entre Nous : Encore l’horreur !
Le 13 octobre 2022, un car de transport en commun en partance pour Koro, a sauté sur un engin explosif improvisé dans la région de Bandiagara. La tragédie a eu lieu sur la RN-15, route Sévaré-Bandiagara-Koro aux environs du village de Tilé.
Dans son communiqué n°060, l’Etat-major général des Armées, à travers la Direction de l’information et des relations publiques des Armées, évoque un bilan provisoire de 10 morts et 32 blessés évacués sur Sévaré et Bandiagara. Le véhicule est complètement détruit, comme on peut le constater à travers les images diffusées sur les réseaux sociaux. La déflagration a causé un trou profond au milieu de la route. Le bilan risque de s’alourdir.
L’acte n’a pas fait l’objet de revendication mais, les coupables, selon l’Etat-major général des Armées, sont les combattants de la Katiba Macina d’Amadou Kouffa. « Ces actions de la Katiba du Macina d’Amadou Kouffa, ayant fait allégeance au JNIM de Iyad Ag Agaly, démontrent la lâcheté et la barbarie de cette organisation terroriste qui, en perte de puissance et dans sa débandade, ne s’attaque qu’aux populations civiles innocentes. Les Forces armées maliennes restent engagées dans la lutte contre les terroristes responsables de la mort des paisibles citoyens et, des actions immédiates seront menées pour rechercher et neutraliser les terroristes et les complices de cet acte ignoble », conclut le communiqué du commandement militaire des FAMa.
La MINUSMA a condamné « vigoureusement cette attaque ». La mission onusienne a présenté ses condoléances aux familles endeuillées avant d’exprimer sa solidarité avec le gouvernement et le peuple malien en ces moments de deuil. « La MINUSMA continuera à œuvrer avec les autorités maliennes en appui à leurs efforts visant à restaurer durablement la sécurité à laquelle aspire profondément le peuple malien », détaille le communiqué de la MINUSMA.
L’ADEMA-PASJ, dans un communiqué, a condamné « avec rigueur cet acte barbare et lâche contre les populations civiles innocentes ». L’ancien parti au pouvoir « déplore et condamne avec fermeté l’utilisation fréquente et indistincte d’engins explosifs improvisés contre les populations civiles et militaires par les terroristes, contraire à tout esprit d’humanisme ».
Encore de l’horreur ! De paisibles citoyens qui voyagent, jouissant de la liberté de mouvement, n’ont rien fait pour mériter un tel sort. Malheureusement, cette horreur qui plonge des familles et des villages entiers dans un deuil profond fait partie du quotidien des habitants de ces zones du territoire national, ravagées par la violence armée au nom d’une idéologie moyenâgeuse.
Si les usagers de la RN15 sont constamment sous la pression des combattants des groupes armés extrémistes, entre prise d’otages et détournements de bus, le recours aux engins explosifs improvisés contre les populations civiles est assez rare de la part de ces groupes radicaux. Ceux-ci revendiquent rarement les attaques visant les véhicules de transport en commun, contrairement aux attentats contre les convois militaires. Faut-il conclure à un changement de stratégie visant les populations civiles ? Il est très tôt de répondre à cette interrogation. Mais tous les spécialistes sont unanimes sur le fait que les groupes armés, comme ceux en action dans certaines parties du pays, se radicalisent davantage sous la pression militaire qui s’accentue sur eux. Il faut s’attendre à plus d’atrocités de leurs part à l’endroit des populations civiles car, ils sont dans l’impossibilité d’atteindre les cibles militaires.
Par Chiaka Doumbia