Tombouctou : la distinction de Houka Houka Ag  Alhousseyni fait polémique

Dans une correspondance en date de ce mercredi 16 novembre 2022 intitulée note de positionnement, 37 organisations maliennes de défense de droits humains, condamnent avec énergie la distinction par le Gouverneur de la région de Tombouctou de monsieur Houka Houka AG ALHOUSSEYNI, ancien commissaire islamique d’Ansar Dine à

Tombouctou, toujours poursuivi par la justice malienne pour des faits de crimes de guerre, crimes, contre l’humanité… perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou.

Suivant la décision N°2022 – 0246- GRT-CAB du 09 novembre 2022 portant « attribution

d’attestation de reconnaissance aux légitimités traditionnelles, pour service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble dans la région de Région de Tombouctou», 30personnes dont Houka Houka AG ALHOUSSEYNI, actuellement Cadi de Zoueliya, commune d’Essakane, cercle de Goundam, région de Tombouctou ont été honorées à l’occasion de la journée des légitimités traditionnelles célébrée dans les locaux de la chambre régionale de commerce de ladite région, le 11 novembre 2022. 

Selon les 37 organisations maliennes de défense de droits humains signaleurs de cette note de positionnement, cet acte du Gouverneur de Tombouctou est contraire au principe

de l’état de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes.

 Cet acte est de nature à commémorer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespéramment que des procès soient organisés. Le gouverneur est censé savoir que Houka Houka est toujours poursuivi pour des crimes au droit international, imprescriptibles, notamment pour des faits de mariage forcé, esclavage sexuel, de viols, de tortures, d’extorsions de fonds à Tombouctou, constitutifs de crime de guerre et crimes contre l’humanité.

De plus, le 10 juillet 2019, le nommé Houka Houka a été placé par les Nations Unies sur la liste des personnes qui entravent le processus de paix au Mali. Et Cette terrible décision est le dernier épisode de la spirale de l’impunité dans lequel le pays est plongé depuis au moins une décennie. Il est temps que la justice malienne enquête véritablement sur les violations graves des droits humains, gage d’une paix durable et de réconciliation.

Les signataires de la note de positionnent rappellent que Houka Houka Ag AHOUSSEYNI avait été arrêté le 17 janvier 2014 par les forces armées du Mali (FAMA) dans la région de Tombouctou pour son rôle présumé dans la commission de violations graves de droits humains. Il y dirigeait un tribunal islamique qui a ordonné, entre autres, de l’esclavage sexuel, mariage forcé, des amputations, lapidations, flagellations et arrestations arbitraires lors des dix mois durant lesquels le nord du Mali était sous le contrôle des groupes islamistes armés.

Toujours selon la note de positionnement, les 37 organisations maliennes de défense de droits humains encouragent la Cour pénale internationale (CPI) à user du principe de la

Subsidiarité pour contourner le manque de volonté politique en vue de lutter contre l’impunité.

Exhortent le Gouverneur de la Région de Tombouctou à revenir sur son acte qui ne saurait être justifié ni par le comportement récent de Houka Houka encore moins par ses activités actuelles.

Les organisations se réservent le droit d’exercer leur droit de recours aux fins d’annulation de la Reconnaissance imméritée décernée à monsieur Houka Houka, criminel présumé et poursuivi par la justice malienne.

Enfin, les organisations signataires de la note de positionnement restent convaincues que la lutte contre l’impunité demeure un levier indispensable pour lutter efficacement contre le « terrorisme » et retrouver la stabilité et le retour d’une paix durable au Mali

Mohamed Kanouté

Source : Mali24.info

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